Wavre 2016

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Providence - 2e Dragons - Wavre 2016

samedi 22 avril 2023

Jean Baptiste Édouard Detaille (Nouvelle édition) - DERNIER ARTICLE DU BLOG

Jean Baptiste Édouard Detaille est un peintre académique français. Issu d'une famille qui comptait de nombreux militaires, son grand-père était intendant de la Grande Armée, sa grand-tante avait épousé l'amiral Villeneuve. Il fut formé dans l'atelier de Meissonier, qui lui fournit le sujet de la première toile qu'il exposa en 1867.

Édouard Detaille est "le grand peintre du soldat". Il manie son pinceau au service de l’armée française avec une telle précision documentaire qu’il est décrit par certains de ses contemporains comme un peintre de « bouton de guêtre » (Baudelaire), un « commentateur, non des âmes mais des uniformes » (Camille Mauclair). Pour chacune de ses toiles, il réunit une documentation vaste et précise, relève les lieux, interroge des témoins, étudie en détail le déroulement des opérations. Après avoir beaucoup illustré la guerre de 1870, dont il a suivi les troupes sur les champs de bataille, il s’intéresse moins à la vie quotidienne de l’armée et se tourne, notamment, vers la représentation de l’épopée napoléonienne. 

C'est à partir de 1890, que le Premier Empire fut son thème de prédilection. Possédant une grande maîtrise de l’anatomie des chevaux, il peignit de nombreuses charges de cavalerie. S’appuyant sur des uniformes d’époque qu’il faisait endosser à ses modèles,...il peignit aussi des dragons !

En reconnaissance sur le rivage, 1800.

Dragons devant un poteau frontière, fin 18e siècle

Renseignements à l'état-major, 1805
Oeuvre réalisée en 1903

Napoléon Bonaparte en Itale 1797
Oeuvre réalisée en 1883

Prise d'un drapeau prussien par
 le 4e régiment de dragons en 1806 (1898)*

Détail : Prise d'un drapeau prussien 
par le 4e régiment de dragons, en 1806*

Variation sur le même thème : "La charge"
Sapeur du 23e régiment de dragons

Variation sur le même thème : Lanciers

Variation sur le même thème : Charge du 2e Hussards
(lieutenant brandissant un emblème pris à l'ennemi),
 vers 1806-1809
- œuvre réalisée vers 1902.

Variation sur le même thème :
  
Prise d'un drapeau autrichien, œuvre de 1901

Variation sur le même thème :
Un cavalier français à cheval, oeuvre de 1900

Variation sur le même thème : Charge du 2e régiment de hussards
 (lieutenant brandissant un emblème pris à l'ennemi),
 vers 1806-1809 - œuvre réalisée vers 1902

Variation sur le même thème : Retour de Carabiniers de la charge
 - Œuvre réalisée vers 1904

Chef d'escadron des dragons de la Garde
 entraînant une charge à Essling en 1809.


La dernière charge du général Lasalle,
tué à Wagram le 6 juillet 1809


Petit poste de dragons en 1800


Le dragon (1896)

Dragon d'élite du 12e régiment en vedette
- oeuvre de 1870

Grenadier à cheval et dragon

Un dragon

Un dragon  - œuvre de 1895

Trompette (10e Dragons)

Cavalier sur la plage - oeuvre de 1893


"Il faut rendre au 2e Dragons ce qui est au 2e Dragons"
“Le Trophée” d' Edouard Detaille représente(rait) la prise d'un drapeau prussien par le 4e régiment de dragons, en 1806 à Iéna.

“Le Trophée”(1898)

Trente régiments composaient le corps des dragons en 1806. Leur habit était vert foncé; les régiments se distinguaient entre-eux par la disposition des couleurs distinctives, distribuées par séries de six ; les 3 premiers avaient les poches en travers et les 3 derniers en long.
Ces couleurs étaient écarlate, cramoisirose, jonquille et aurore; elles étaient placées au collet, aux parements et aux pattes pour les 1er et 4e régiments de chaque série, aux parements seulement pour les 2e et 5e, au collet et aux pattes de parements pour les 3e et 6e.

Couleurs distinctives

Si l'on examine l'uniforme des dragons sur l’œuvre de Detaille, on remarquera la couleur distinctive écarlate et le collet vert foncé. Il ne peut donc s'agir de l'uniforme du 4e dragons qui disposait d'un collet écarlate tout comme les 1er, 3e et 6e régiments de dragons.

“Le Trophée”: détail

Sur l'habit-veste du dragon sans casque et sabre au clair derrière le drapeau, il semblerait que la poche droite soit en travers, ce qui démontrerait son appartenance au 2e  régiment de dragons.

NB : On retrouve cette même anomalie sur l’œuvre ci-dessous. L'uniforme ne correspond pas au 4e dragons.

Les 2e et 5e régiments de dragons sont repris à l'ordre de bataille lors de la bataille d'Iena .
Il faut noter que le 4e régiment de dragons en est absent, détaché de la division de dragons du général Klein. Ce régiment  a été affecté ce 14 octobre 1806 à la protection directe du maréchal Berthier, pour son escadron d'élite et à la protection du grand état major, pour le reste du régiment. Il est donc resté en réserve et n'a pas "donné". L'historique du régiment mentionne uniquement la bataille de Golymin pour 1806 !.

De plus, si l'on se réfère à l'Historique du 2e Régiment de Dragons ,  On remarquera que le 2e dragons enleva de haute lutte, 2 drapeaux à l'armée prussienne :

14 octobre, bataille d'Iéna. De toutes les affaires auxquelles prit part le régiment, ce fut une des plus brillantes; non seulement il y soutint sa vieille réputation! mais on peut dire qu'il s'y surpassa. Le colonel Privé, à la tête du 2e Dragons, est cité à l'ordre pour trois charges admirables, pendant lesquelles il fait prisonnier un bataillon prussien tout entier, enlève un drapeau et prend 12 pièces de canon. [...]Le sous -lieutenant Dembarère enlève un drapeau après avoir tué de sa main celui qui le portait; cité. Le sous-lieutenant Jamin traverse les lignes ennemies et délivre les prisonniers français; le rapport le cite comme ayant contribué au succès du 2e Dragons dans cette bataille. Le maréchal-des-logis Humbert se jette sur l'infanterie ennemie., tue un porte-drapeau, emporte le drapeau et tombe tué raide par trois balles; le dragon Fauveau voit que l'ennemi va reprendre le drapeau, saute à terre, saisit ce drapeau, remonte à cheval, se bat merveilleusement, se dégage et rapporte le drapeau au colonel en disant modestement : « C'est le maréchal-des-logis Humbert qui l'a pris; » cité et décoré immédiatement par l'Empereur. Le dragon Nicole, blessé trois fois, est remarqué pour son intrépidité dans toutes les charges, à la tête desquelles il se maintient constamment. Le colonel cite en outre à l'ordre du régiment, après la bataille, les capitaines Fagès, déjà cité à Wertingen, Bras, Berthet, déjà cité à Niederaken où il a pris un drapeau; les lieutenants Redon, Caumont, déjà cité plusieurs fois, et Dupuy; les sous-lieutenants Gaudelet, déjà cité à Neresheim , Millet , cité à Wertingen , Jacquelin et le maréchal-des-logis Mimin (Jean). En somme, à cette bataille, le 2e Dragons enleva de haute lutte, à l'armée prussienne, 15 pièces de canon et 2 drapeaux.

Historique du 5e régiment de Dragons par V. De Saint-Just :

...aucune de ces troupes ( les cavaliers des généraux Lasalle, Milhaud et Beaumont) n'assistera aux grandes batailles du 14, car vers la fin de cette journée nous trouvons la cavalerie légère a Ussembach et la 3e division de dragons (5e DRAGONS) à Apolda.

NB : La figurine (ci-dessous) de Dragon à Iena,1806: Retour de charge (Andréa miniaturesd'après Edouard Detaille "a rendu" au 2e Dragons ce qui était au 2e Dragons !
 
La figurine de dragon à Iéna,1806














vendredi 15 juillet 2022

mercredi 17 novembre 2021

Casque d'officier de dragons (~1780)

Casque d'officier de Dragons entre 1779 et 1791

Ce casque d’officier de dragon correspond à un modèle en usage entre 1779 et 1791. La bombe en laiton doré (appelé à l’époque similor) est confectionnée d’une seule pièce. À sa base est agrafé le bandeau. Il est composé d’un large bandeau de cuir rigide (généralement du cuir de vache), recouvert d’un turban en peau de panthère ou de léopard, à défaut, en peau de veau marin (phoque) teintée. Le bandeau forme une petite pointe à l’avant, en réminiscence de l’ancien bonnet des dragons. Le casque présenté a perdu son poil. Une peau souple, la basane, cousue au bord inférieur du bandeau, est repliée à l’intérieur du casque pour former la coiffe qui s’ajuste à la tête du soldat. L’ensemble est réglable à l’aide d’une boucle placée à l’arrière du bandeau. La bombe est surmontée d’un cimier dont les deux ailerons sont solidarisés par le masque (la partie antérieure du cimier). Une crinière noire, parfois bouclée, plus souvent longue et raide comme le modèle présenté, tombe à l’arrière du casque pour protéger la nuque du soldat. Les crins du devant sont liés en une houppette serrée par un cordonnet. Le tout est cousu avec un fil métallique sur une semelle de cuir rentrée et fixée à l’intérieur du cimier. Le modèle d’officier ressemble à celui de la troupe mais ses éléments métalliques sont dorés et ses décors plus soignés. 

 Ailerons estampés de palmettes

Ce casque, d’une très grande qualité d’exécution, montre des ailerons estampés de palmettes sur fond sablé. Le masque est décoré dans sa partie supérieure de la tête de Méduse et au pied d’une palme.

Rosace et porte-houppe

Des fleurs stylisées ornent les rosaces de laiton fixées de chaque côté du bandeau de cuir. Les rosaces maintiennent les jugulaires, ici en velours noir brodé de fils d’or et de cannetille qui simulent des petites écailles. Les jugulaires sont fermées par une bride en cordonnet et un bouton en passementerie d’or. 
Le règlement de 1786 ajoute à ce casque une visière mobile qui peut s’agrafer au turban. Il n’indique pas le porte-houppe en laiton doré visible sur ce modèle ; la houppe à la couleur de la compagnie se glissait en principe entre le bandeau et le turban.

Casque d'Officier de dragons après 1799

Casque d'Officier de dragons après 1799
Sources : 
https://www.photo.rmn.fr
https://www.musee-armee.fr
http://www.maquetland.com

PS : cet article clôture (peut-être temporairement) ce blog...

vendredi 2 juillet 2021

Commémoration de la bataille dite de "Waterloo" - Edition 2021






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lundi 7 juin 2021

Sans-Gêne

Née le 16 janvier 1774 à Talmay en Côte-d’Or et orpheline à l’âge de neuf ans, Thérèse Figueur s’engage dans l’armée à dix-neuf ans. En 1793, en pleine Convention, le sud de la France est gagné par un soulèvement contre-révolutionnaire. Avignon se soulève et son oncle maternel, Joseph Viard, ancien militaire et royaliste, prend le commandement d'une compagnie de canonniers au fort. Devant l'avancée de l'armée conventionnelle et pour avoir un œil sur sa nièce âgée de dix-neuf ans, il accepte qu'elle porte l'uniforme et l'accompagne. C'est une révélation pour Thérèse Figueur : "je me sens gaie, alerte, infatigable. Je me redresse dans le rang. Je cours d'une pièce à une autre pour transmettre un ordre du capitaine ; je porte fièrement des boulets, des boîtes à mitrailles, des gargousses… Ma vocation venait de se prononcer : Thérèse Figueur était soldat".

Légion des allobroges

La compagnie de canonniers de Marie-Thérèse et de son oncle couvre la retraite des insurgés vers Marseille suite à la prise d'Avignon par les troupes du Général Carteaux . Très vite les éclaireurs allobroges apparaissent et fondent sur la compagnie qui se débande. Marie-Thérèse ramasse une mèche à ses pieds et fait feu du canon chargé à mitraille mettant hors de combat huit cavaliers. Ce geste aurait dû lui coûter la vie mais elle est épargnée car elle paraît être un enfant. Au bout de 15 jours, après avoir craint d'être fusillée ou guillotinée, le Général Carteaux lui propose de s'enrôler en rejoignant la République et la Convention dans la légion des Allobroges. Elle obtient la vie sauve ainsi que celle de son oncle. Dès lors, elle portera le nom de guerre de "Sans-Gêne" que lui a attribué le sous-lieutenant Chastel en raison de son comportement : "je vous assure, disait-il, que lorsque nous la fîmes prisonnière, elle ne se gênait pas le moins du monde pour nous traiter de lâches".

Portrait de Thérèse Figueur

Sa carrière de militaire évolue rapidement quand Thérèse Figueur se retrouve au siège de Toulon en 1793. Enfin, la cavalière fait partie des 15e et 9e régiments des dragons, faisant preuve d’agilité à cheval.

Thérèse Figueur (Musée Bonaparte - Auxonne)
 - 
Thérèse Figueur n’hésite pas à participer aux nombreuses batailles et campagnes militaires des guerres napoléoniennes. Son courage, son moral et sa persévérance sont appréciés au point que lors du décret du Comité de Salut Public interdisant le service militaire des femmes (1793), elle peut profiter d’une exception. En effet, si une vision nouvelle de la société s’est développée pendant la Révolution française, même les Jacobins les plus radicaux rejetèrent l’idée de la participation des femmes dans le domaine militaire ou politique. Pour Thérèse Figueur, son sexe est souvent ignoré, éclipsé par ses nombreuses réussites sur les champs de bataille.

Parmi les faits d'armes dont elle fut l'auteur et qui sont restés dans l'histoire, citons:

  • Une blessure reçue en 1793 alors qu'elle participait aux combats du siège de Toulon; 
  • au cours d'une action de guerre à l'armée des Pyrénées-Orientales, elle ramène dans les lignes françaises, au péril de sa vie, le général Nouguez atteint d'une grave blessure à la cuisse ;
  • à la même armée, elles sauve de la noyade plusieurs hommes de la 17e demi-brigade ;
  • en 1799 à Savigliano, elle a trois chevaux tués sous elle et reçoit quatre coups de sabre.
Dragon "Sans-Gêne"
(uniforme du 9e Dragons ? - distinctive "cramoisi")

Après deux ans passés en prison en Angleterre, elle prend sa retraite militaire à Paris en 1815. 
En 1818, l’ancienne dragonne retrouve son ami d’enfance, Clément Sutter, qu’elle épouse. 

Les Mémoires de Marie-Thérèse Figueur sont publiés une première fois en 1842 sous le titre : Les Campagnes de mademoiselle Thérèse Figueur, aujourd'hui madame veuve Sutter, ex-dragon aux 15e et 9e régiments, de 1793 à 1815, écrites sous la dictée par Saint-Germain Leduc, chez Dauvin et Fontaine. Ils ont les honneurs d'une seconde édition en 1894  suite au succès de la pièce de Sardou*.

Durant sa longue vie, cette femme soldat a connu le règne de Louis XVI, la Révolution française, le Ier Empire, les deux Restaurations, puis Louis-Philippe, la seconde République et même Napoléon III.

Statuette créée en 1906 par L. Lachaud
pour commémorer le courage exceptionnel
du dragon "Sans-Gêne" (Musée de l'Armée - Paris)

*En 1893, l’auteur dramatique Victorien Sardou utilise le nom « Sans-Gêne » pour représenter un autre personnage du Premier Empire, Catherine Lefebvre. Cette simple décision engendre une confusion dans l’usage de ce nom de guerre de Thérèse Figueur.

Sources :

  • https://www.musee-armee.fr/collections/ressources/heroines-et-heros-histoire/therese-figueur.html
  • https://www.napoleon-histoire.com/les-femmes-dans-les-armees-de-napoleon/
  • http://bonaparte-a-valence.fr/les-femmes-dans-larmee
  • https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k46833d.image
  • https://www.napoleon-histoire.com/therese-figueur-1774-1861/
  • https://journals.openedition.org/clio/1418
  • http://www.pontault-combault.fr/sites/default/files/atoms/files/le_saviez-vous_ndeg6_-_madame_sans_gene.pdf